par adminAT66 | Août 16, 2016 | Actualités, Festivals
Assidu auprès des Amis d’Alain Marinaro, le professeur Heidsieck a animé pendant plusieurs années la masterclass de piano de Banyuls. Gravement malade il y a quelque temps, il s’est promis s’il « en réchappait » de travailler le clavecin bien tempéré de Jean-Sébastien Bach qu’il estimait avoir jusqu’alors négligé. Une fois rétabli il a tenu sa promesse. Le résultat en est un CD tout récemment sorti qui a pour titre, Eric Heidsieck : Bach, le clavecin bien tempéré, douze préludes et fugues.
Revenu parmi nous en juin à l’occasion de la fête du piano à Collioure, le maître a présenté son œuvre au public. Chaleureuse rencontre où l’interprète explique, commente, joue quelques passages, en fait écouter d’autres, donnant une fois de plus la preuve de son talent et de sa vaste érudition.
Le disque est édité par Polymnie, au prix de 16,15 € et peut être commandé sur Internet auprès des distributeurs agréés.
Y.L.
Photo : Dalila Marinaro et Eric Heidsieck au square Caloni à Collioure le 28 juin 2016
par adminAT66 | Août 16, 2016 | Actualités, Concerts
« Fabuleux » selon les mots du maître Eric Heidsieck, présent ce soir là au square Caloni avec tout le public venu entendre Philippe Cassard pour le récital de clôture de la fête du piano de Collioure. Un soir exceptionnellement velouté, un ciel pur, le balancement des bateaux se faisant discret et le clocher de Collioure en vigie protégeant les nombreux promeneurs qui se pressaient au long de la digue pour profiter eux aussi du concert. Magnifique point d’orgue à la fête du piano qui se déroulait depuis plusieurs jours près des murailles du majestueux Château Royal.
Bien connu pour ses chroniques du samedi matin à France musique, reprises en d’autres villes pour d’autres occasions comme à Toulouse où il est régulièrement invité, Philippe Cassard est un pianiste remarquable qui a donné à Collioure où il faisait partie du jury du concours international de piano Alain Marinaro, un concert éblouissant. A la fois commentateur et interprète des œuvres qu’il présentait il en redoublait la saveur et en faisait sentir toute la richesse. D’entrée de jeu il est de plain-pied avec le public, expliquant qu’il avait l’intention de présenter une soirée intégralement dédiée à Schubert mais qu’une première partie accordée au lieu et au moment s’impose. On s’embarquait donc, dans la douceur des effluves marines, pour un Nocturne de Gabriel Fauré, une Barcarolle de Chopin et le célèbre Clair de lune de Claude Debussy, dûment présentés par le pianiste lui-même. Dès la première pièce, le Nocturne de Fauré, la beauté du jeu s’impose. La barcarolle de Chopin, non moins inspirée, bénéficie d’une présentation par l’interprète : une déambulation à Venise, ornée d’une cantilène de gondolier dont le compositeur se dégage très vite pour un moment suspendu qui précède la « fausse apothéose » du final. Plus diserte encore, l’évocation d’un Claude Debussy emporté par son amour pour Emma Barsac, qui lui inspire l’Isle joyeuse, et reprend alors une pièce esquissée quelque temps auparavant en écho, sans doute, au poème éponyme de Verlaine. Philippe Cassard se fait poète lui-même pour évoquer le Clair de lune avant de nous le livrer dans sa pure beauté sous un ciel rose et bleu qui s’accorde à merveille avec cette délicate première partie.
Après l’entracte ce fut le morceau de bravoure : la sonate n° 20 en la majeur de Schubert, une pièce qui dure quarante minutes et fait partie des trois célèbres sonates écrites par Schubert peu avant sa mort. L’œuvre est en quatre mouvements : allegro, andantino, allegro vivace, allegretto. La référence à Beethoven que Schubert admirait y est explicite ; Philippe Cassard parle même de fascination. Concernant l’œuvre elle-même et les circonstances de sa composition, il en analyse chaque mouvement. L’andantino est la partie la plus souvent jouée et commentée : faite elle-même de quatre parties elle évolue vers un moment très sombre inspiré du mythe du marcheur solitaire, référence romantique où la disparition, la perte, l’oubli, sont sources d’invention musicale, violence et sérénité tout à la fois. Mais au final de la pièce la joie reprend ses droits. Philippe Cassard triomphe sans difficulté apparente (ainsi s’affirment les maîtres) de cette œuvre magnifique, longuement travaillée et mûrie, et de toute évidence source pour lui d’un grand bonheur d’interprétation. Après ce triomphe longuement ovationné ce fut en bis un Impromptu de Schubert, délicate attention finale.
Yvette Lucas
par adminAT66 | Août 16, 2016 | Actualités, Concerts
Charlotte Saluste, nous l’avons entendue à Banyuls-sur-Mer en 2009, elle avait alors 13 ans et déjà une personnalité et un jeu affirmés. Ce jour-là elle était accompagnée au piano par Rémi Geniet (16 ans alors) qui quelques années après, à 20 ans, a obtenu le second prix du concours international Reine Elisabeth. Rémi depuis poursuit une belle carrière de soliste. Charlotte de son côté a suivi les cours de la prestigieuse Yehudi Menuhin School de Londres et confirmé hautement ses qualités d’interprète. Elle a trouvé pour ce nouveau concert un partenaire de haute qualité, doté d’un forte présence : Nicolas Dross, déjà bien connu des Amis d’Alain Marinaro, qui, dès la rentrée, intégrera le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMD) où il vient d’être admis.
Le concert débuta par la sonate n°8 pour violon et piano en sol majeur op. 30 n°3 (1802). Ecrite au retour d’Heiligenstadt la sonate est dédiée au tsar Alexandre Premier, connu (entre autres) pour avoir supprimé la censure. En trois mouvements :allegro assai, tempo di minuettoet allegro vivace (ce dernier comportant quelques mélodies russes) les deux interprètes imposent leur jeu brillant et leur entente profonde. Une grande sensibilité marquait la Fantaisie en ut majeur op.131 de Robert Schumann qui suivait, sans que s’efface la précision du jeu affirmée dans la pièce précédente. Fine et sensible, Charlotte Saluste fait preuve aussi d’une volonté sans faille et d’une sûreté de jeu qui impressionne. Sûreté de jugement aussi pour le choix du morceau qui suit : la sonate pour violon et piano n°3 en la mineur de Georges Enesco (1926). La violoniste avoue ne pas tout aimer de ce compositeur qui annonce la musique moderne, parfois avec un grand bonheur, parfois d’une façon plus confuse. Pour l’œuvre que nous avons entendue, qu’elle apprécie particulièrement, c’est bien le bonheur, en effet, avec des pizzicati qui laissent une belle place au piano, des moments syncopés, des aller et retours rythmés et l’occasion pour les interprètes de confirmer l’un et l’autre leur généreuse virtuosité. Le bis nous fut proche par le lieu : un Granados évocateur et bien connu pour ne pas rompre le lien.
Malgré les quelques difficultés que procurait au violon un temps horriblement dégradé, ce concert joué par Charlotte Saluste et Nicolas Dross, deux jeunes virtuoses à l’avenir prometteur, marqua, avec le chaleureux accueil des hôtes du Château Planères, une nouvelle réussite des Amis d’Alain Marinaro, et la grande joie de maintenir l’amitié.
Yvette Lucas