Musiques en Minervois

Musiques en Minervois

Festival « Musiques en Minervois »

Nos amis de l’association de Saint Jacques d’Albas qui nous ont si gentiment reçus fin mars organisent à Laure Minervois un brillant festival du 10 au 12 juin.

Vendredi 10 juin 20h30 – Portraits romantiques – Brahms – Schumann avec François Chaplin , piano, Ophélie Gaillard, viloncelle, Pierre Genisson clarinette.

Samedi 11 Juin 17h30 – « Rendez-vous Romantique » Schumann avec Bastien Rimondi, ténor et Timothée Hudrisier, piano

Samedi 11 Juin 20 h – La Clarinette en folie de Mozart à la musique Klezmer (Mozart, Schumann, Weber, Poulenc, Sholem Alecheim) avec François Chaplin et Pierre Genisson.

Dimanche 12 Juin 18 h – « La Musique française et les vins » – (Beethoven, Ravel, Ginastera). avec Marie-Josèphe Jude, piano.

voir le programme complet et les détails ici

Un concert de chant choral avec l’Irvem et le choeur letton Knipas un knauki

Samedi 18 juin à 17h30 en l’église de Banyuls sur Mer,

Concert-Banyuls-(Letton-_-France)

vous pourrez écouter gratuitement un concert a capella de très haut niveau avec, comme hôte, le chœur de l’IRVEM dirigé par Bertille de Swarte et, comme invité, le chœur KNIPAS UN KNAUKI (Lettonie) dirigé par Sanita Sejane, Jonita Stoma et Edite Putnina (la fine fleur des chorales lettones dans un pays où tout le monde chante et où tout le monde est musicien).

ALTER DUO – La contrebasse à l’honneur

ALTER DUO – La contrebasse à l’honneur

La contrebasse, mise à l’honneur par le jazz, et constamment présente dans les orchestres symphoniques, fait l’objet de nouvelles associations instrumentales où elle se taille une place majeure au point d’en constituer parfois le principal atout. Ainsi l’avons-nous connue comme soliste dans un concert de musique de chambre au festival Pablo Casals, en duo avec le violoncelle dans une formation où Delphine Biron au violoncelle et Yann Dubost à la contrebasse se donnent finement la réplique.

Avec l’Alter Duo, le piano, tenu par Jean-Baptiste Mathulin, la contrebasse, jouée par Julien Mathias, entament le dialogue. Double dialogue, celui du jeu instrumental, celui de la recherche d’œuvres à jouer ou à transcrire dont les deux musiciens nous content en souriant la plaisante aventure. Plaisante car un réel plaisir, une envie puissante, la motive, ardue, car elle exige un travail intense, mais ô combien recherché. Et comme nos jeunes musiciens ne redoutent aucun effort ils déplacent en camion leurs deux instruments, la contrebasse, bien évidemment, mais aussi le piano !

Mais parlons concert, car c’est là qu’à Banyuls on les attendait

Attente comblée. La contrebasse tient la vedette et c’est elle qui propose les phrases musicales, le piano se faisant plus gentiment accompagnateur. Ce qui n’ôte rien à la qualité du pianiste. On en a eu la preuve avec le superbe et sensible Nocturne de Chopin qu’il a joué en solo. Quelques passages très courts pour commencer : extraits du Carnaval des animaux de Saint-Saëns, d’un concerto brandebourgeois de Bach. L’affaire se déploie avec Elégie n° 1 en ré majeur de Bottesini, contrebassiste et compositeur italien du 19e siècle, surnommé le Paganini de la contrebasse. L’œuvre interprétée fait partie de trois Elégies pour piano et contrebasse composées en 1880. On passe par Mozart avec des extraits de La flûte enchantée où la contrebasse égrène les motifs du chant (arrangement par Mozart) et par le Quintette de la Truite de Schubert. Schubert encore avec le premier mouvement  de sa sonate Arpeggione.

Exercice obligé : il faut souvent ré accorder la contrebasse, condition indispensable pour la qualité du jeu.

Avec des compositeurs plus proches de nous les musiciens poursuivent leur dialogue. C’est tout d’abord la Valse miniature de Serguei Koussevitzky (1928), encore un compositeur dont la contrebasse devint l’instrument préféré, puis la tarentelle opus 9 n° 2 de Reinhold Gliere, compositeur post-romantique russe d’origine allemande. Autre manière, non moins réussie, de faire chanter les deux instruments. Cela se termina par deux bis qui, pour moi, touchèrent la corde sensible car me rappelant mon adolescence : La Méditation de Thaïs, de Jules Massenet et le chant du Cygne de Schumann. Une seule conclusion : on en redemande.

Yvette Lucas

Concours international de piano de Collioure 2016 – Frédéric Durieux explique sa composition.

Concours international de piano de Collioure 2016 – Frédéric Durieux explique sa composition.

Leaving Paphos Ringed with Waves V (2009)
Counting out Time (2015-16), pour piano seul
Commande du 9e Concours International de Piano Alain Marinaro
Dédicace : En souvenir d’Alain Marinaro
Editeur : Edizioni Musicali Rai Com (Rome & Milan, Italie)

En 2013, j’ai été contacté par une personne de l’Association des Amis d’Alain Marinaro afin de savoir si j’accepterais de composer une partition pour le Concours International de Piano qui porte le nom de ce jeune artiste trop tôt disparu. Je dois avouer que lorsque l’on m’a posé la question et que le nom du concours m’a été énoncé, le temps s’est comme arrêté car ce jeune pianiste avait été l’un de mes élèves alors que j’enseignais l’analyse musicale pour les élèves instrumentistes du Conservatoire de Paris (CNSMDP). Me revint alors à l’esprit quelques flashs rapides : le visage d’Alain Marinaro, de brefs moments d’échanges lors des pauses entre les cours, son visage rieur, un cours d’analyse sur le deuxième Scherzo en Si bémol mineur de Frédéric Chopin qu’il souhaitait étudier, son jeu de pianiste très doué, etc. C’est donc immédiatement que j’ai accepté d’écrire pour l’un des prochains concours, après avoir rencontré les parents d’Alain.

Le point de départ de ma partition est un jeu sur le temps et la virtuosité rythmique, hommage au jeune pianiste brillant, ainsi qu’à la personne enjouée que j’avais connue. Une série d’accords répétés et fixés sur une note aiguë, sert de point de départ et indique l’axe temporel (celui du tempo principal de la partition). Je précise que la note aiguë très repérable au début, puis à plusieurs moments clés de la partition, est un la qui dans la solmisation germanique et anglo-saxonne s’écrit A ; A comme Alain, A la lettre 4 fois contenue dans le nom d’Alain Marinaro. La suite initiale d’accords peut également être considérée comme une sorte de code génétique de tout ce qui va suivre au fil des pages.

Counting out Time est une partition basée sur des périodicités qui s’entrecroisent, un peu à la manière d’une mémoire qui défilerait dans un temps resserré différentes périodes d’une vie ou d’un film qui remonteraient brusquement à la surface de notre conscience. Les événements défilent à des allures diverses, s’entrecroisent et se transforment. Les figures rythmiques jouent un grand rôle dans cette mémoire fibrée de vitesses variées, comme si le compteur initial s’emballait et se détraquait au fur et à mesure du déroulement de la partition.

Dans Counting out Time l’espace des registres est aussi particulièrement sollicité. Certains passages se fixent dans des zones précises (registre aigu ou grave), d’autres opposent des zones de perception ou encore traversent très rapidement la tessiture du piano. L’espace et le temps se rencontrent alors, comme dans la théorie de la Relativité Générale d’Albert Einstein, le fameux chat d’Erwin Schrödinger ou ces paroles tirées du livret de l’Acte I du Parsifal de Richard Wagner : « Du siehst, mein Sohn, zum Raum wird hier die Zeit » (Tu vois mon fils, l’espace ici naît du temps).

Une autre image est également à l’origine de cette partition, celle du tableau de Cy Twombly intitulé Leaving Paphos Ringed with Waves V (2009) qui évoque ce temps où l’on quitte un lieu par la mer. Les couleurs vives de cette toile, peinte par un homme déjà âgé, sont pour moi comme une autre évocation possible de la jeunesse et du talent d’Alain Marinaro.