La contrebasse, mise à l’honneur par le jazz, et constamment présente dans les orchestres symphoniques, fait l’objet de nouvelles associations instrumentales où elle se taille une place majeure au point d’en constituer parfois le principal atout. Ainsi l’avons-nous connue comme soliste dans un concert de musique de chambre au festival Pablo Casals, en duo avec le violoncelle dans une formation où Delphine Biron au violoncelle et Yann Dubost à la contrebasse se donnent finement la réplique.
Avec l’Alter Duo, le piano, tenu par Jean-Baptiste Mathulin, la contrebasse, jouée par Julien Mathias, entament le dialogue. Double dialogue, celui du jeu instrumental, celui de la recherche d’œuvres à jouer ou à transcrire dont les deux musiciens nous content en souriant la plaisante aventure. Plaisante car un réel plaisir, une envie puissante, la motive, ardue, car elle exige un travail intense, mais ô combien recherché. Et comme nos jeunes musiciens ne redoutent aucun effort ils déplacent en camion leurs deux instruments, la contrebasse, bien évidemment, mais aussi le piano !
Mais parlons concert, car c’est là qu’à Banyuls on les attendait
Attente comblée. La contrebasse tient la vedette et c’est elle qui propose les phrases musicales, le piano se faisant plus gentiment accompagnateur. Ce qui n’ôte rien à la qualité du pianiste. On en a eu la preuve avec le superbe et sensible Nocturne de Chopin qu’il a joué en solo. Quelques passages très courts pour commencer : extraits du Carnaval des animaux de Saint-Saëns, d’un concerto brandebourgeois de Bach. L’affaire se déploie avec Elégie n° 1 en ré majeur de Bottesini, contrebassiste et compositeur italien du 19e siècle, surnommé le Paganini de la contrebasse. L’œuvre interprétée fait partie de trois Elégies pour piano et contrebasse composées en 1880. On passe par Mozart avec des extraits de La flûte enchantée où la contrebasse égrène les motifs du chant (arrangement par Mozart) et par le Quintette de la Truite de Schubert. Schubert encore avec le premier mouvement de sa sonate Arpeggione.
Exercice obligé : il faut souvent ré accorder la contrebasse, condition indispensable pour la qualité du jeu.
Avec des compositeurs plus proches de nous les musiciens poursuivent leur dialogue. C’est tout d’abord la Valse miniature de Serguei Koussevitzky (1928), encore un compositeur dont la contrebasse devint l’instrument préféré, puis la tarentelle opus 9 n° 2 de Reinhold Gliere, compositeur post-romantique russe d’origine allemande. Autre manière, non moins réussie, de faire chanter les deux instruments. Cela se termina par deux bis qui, pour moi, touchèrent la corde sensible car me rappelant mon adolescence : La Méditation de Thaïs, de Jules Massenet et le chant du Cygne de Schumann. Une seule conclusion : on en redemande.
Yvette Lucas